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De la gestion de crise à la gestion publique, l’État, c’est nous

Un groupe de jeunes chercheurs libanais a publié vendredi une étude en trois parties dévoilant la gravité du délabrement de l’administration publique libanaise, longtemps négligée, et proposant une série de mesures à impact immédiat, susceptibles selon eux de placer le pays en crise sur la voie de la réforme.

Sur la base d’une enquête menée auprès de 429 employés de huit agences gouvernementales, le groupe de recherche Youth4Governance a constaté que 87 % des fonctionnaires interrogés ne disposaient pas des fournitures élémentaires nécessaires à leur travail. Une baisse de motivation a été relevée au sein de toutes les institutions interrogées, notamment les ministères des Finances, de l’Intérieur, de l’Éducation et de l’Économie, et affecte 65 % des personnes interrogées.

Un risque significatif de fuite des cerveaux était manifeste dans toutes les tranches d’âge, menaçant de décimer un secteur public plombé par un effondrement économique considéré par la Banque mondiale comme l’un des pires au monde depuis les années 1850. Deux tiers des fonctionnaires âgés de 18 à 30 ans ont avoué aux chercheurs leur intention de démissionner et de rechercher un emploi à l’étranger. Cette proportion est tombée à 31 % chez les employés âgés de plus de 50 ans.

Pour en savoir plus :

Les requêtes locales et internationales en faveur d’une réforme profonde du secteur public libanais sont restées lettre morte durant des années, les politiciens populistes reprenant à leur compte le discours de la lutte contre la corruption afin de dissimuler leur immobilisme. L’étude dévoile la manière dont ce phénomène a produit une administration fastidieuse mais défaillante, mal équipée pour satisfaire les besoins de la population.  

Lors d’entretiens aléatoires avec 1 065 personnes à travers le Liban, les chercheurs ont constaté que 75 % des personnes interrogées ont qualifié les relations avec les institutions gouvernementales de « pénibles », voire d’« impossibles ». Près d’un tiers des personnes interrogées ont affirmé avoir assisté à des comportements répréhensibles de la part du secteur public, qui relèveraient pour la plupart de la négligence, de l’arrogance ou de la corruption. Fondamentalement, l’inefficacité du secteur public apparaît comme un sujet de préoccupation aussi grave que la corruption pour les personnes interrogées.

Les chercheurs, qui ont effectué l’étude dans le cadre d’un stage d’été organisé par l’Université Saint-Joseph et le cabinet de conseil régional Siren Associates, affirment que la voie à suivre consiste à axer le discours public sur des solutions concrètes visant à renforcer l’efficience et l’efficacité de l’administration publique.

Selon le rapport, cette démarche implique toute une série d’étapes. Soutenir le développement d’une culture civique impliquant les citoyens dans la reconstruction et le remodelage des institutions gouvernementales du Liban constitue une étape cruciale. Identifier les champions du changement au sein de l’administration publique et exploiter leurs connaissances pour tracer la voie du changement en est une autre. De plus, des mesures techniques à impact immédiat, telles que l’activation des mécanismes de plaintes, la numérisation des services et le développement de codes de conduite et de cadres de compétences pour le personnel, joueront également un rôle majeur, d’après les chercheurs.

Pour consulter en détail l’étude, ses conclusions et ses recommandations, veuillez cliquer sur les liens ci-dessous.